Evasions
Moyens en personnel et matériel - l’Equipe
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Plan du camp de Gross-Born pour l'évasion de 1942
Effectivement , le 10 septembre, nouvelle réunion plénière pour mettre en commun nos méditations respectives sur la question, arrêter définitivement les équipes et répartir les tâches. Nous sommes treize sur dix neuf décidés à entreprendre l’aventure ; nous ne sommes pas superstitieux et cependant le treizième se fera abattre par les mitraillettes boches à la sortie du tunnel ! Ce nombre nous paraît bien suffisant pour exécuter les travaux à condition de travailler d’arrache-pied. Il n’y aura qu’une seule équipe de travail, mais, par contre, neuf équipes de départ : Quatre paires : d’Harambure - Cornut-Gentille //, Guyhur – Fajeau //, Duhen – Aubathier / de la Gorce – de Cuniac //

et des individuels qui partiront chacun avec un étranger à la chambre, celui-ci ne devant être mis au courant qu’au dernier moment. Ce sont : Carayol, Bricard, Jagel, Pascal et Rabin (celui-ci, encore hésitant, nous assure cependant de son concours de travail). Quelques mots sur chacun : d’Harambure est le grand animateur de l’entreprise ; d’une activité débordante, il sera en quelque sorte le metteur en scène de l’affaire. Qui ne connaît pas Hubert dans le camp ! Type de l’Officier d’active de Cavalerie. Cornut-Gentille, à l’opposé, gardera toujours un grand calme ; ne fait pas de bruit, mais au travail ne regrettera pas sa peine. C’est la " Taupe" qui passera son temps entre le tunnel et son châlit, un vocabulaire allemand entre les mains. Sorti de Centrale, il est Ingénieur Aéronautique. Duhen, dit « L’Esprit » sera le technicien de l’affaire ; d’une volonté farouche, il lui arrivera mille aventures au cours de son évasion proprement dite, jusqu’à traverser l’Allemagne sur un boggie de wagon. Il nous rendra de précieux services pratiques qui lui feront pardonner facilement quelques emportements de caractère. Lui aussi, sorti de Centrale, officier de chars, il s’occupe de Brevets d’invention dans le civil. Aubathier, le « Rugisseur » grogne toujours, mais exécute toujours, camarade de promo de Saint-Cyr, fut mon premier compagnon de captivité. Guyhur est la crème des camarades, c’est le P’tit Père, « Vaterschen ». Il sera l’électricien de l’Equipe et n’hésitera pas à se flanquer de nombreuses décharges pour rendre service. Lui aussi sort de Centrale. Fajeau, Capitaine d’Active, se croira parfois un peu trop souvent à la tête de sa Compagnie de chars ; il aime le commandement, cela n’ira pas toujours tout seul avec Duhen. De la Gorce, qui devait être mon co-équipier d’évasion, est le type parfait du chic camarade et je suis heureux de lui rendre ici un hommage reconnaissant pour tous les services qu’il nous a rendus et, en particulier, à moi-même, voulant toujours travailler dans le tube malgré souvent des faiblesses de santé. Camarade de promo lui aussi. Carayol, le flegmatique, ne s’affolera jamais devant les difficultés. Il sera un des deux qui réussiront jusqu’au bout. Bricard est le deuxième. Lui, c’est le fantaisiste, l’enfant terrible de l’Equipe, bien souvent indiscipliné, mais son audace et son cynisme lui ont servi puisqu’il a atteint le but. Camarade de promo. Zagel, "le Mystérieux", sera un bon exécutant, sans plus ; repris au cours de la traversée de l’Allemagne, il ne devait pas venir nous rejoindre et fut changé de camp, sans doute à cause de ses origines israélites. Marchand de meubles à Paris. Pascal n’avait qu’un défaut : celui d’être claustrophobe et de ne pouvoir descendre dans le tunnel sans étouffer aussitôt ; comme il était un excellent camarade, nous n’avons pas hésité à l’admettre dans l’Equipe et il devait être chargé de l’entretien des lampes à graisses et de leur renouvellement ; ce fut le « lampiste ». Rabin qui devait avoir une tragique destinée, hésita cependant longtemps avant de se joindre à nous, craignant des représailles sur sa famille résidant à Paris. C’était l’homme des coups de mains pour nous procurer du matériel à la barbe des boches. Enfin, Goboule, appelé parfois Cuniac, fit de son mieux pour tenir sa place dans une équipe dont la variété n’avait d’égale que la solidarité et l’amitié, seule base solide pour construire.