
Vendredi 10  mai 5h
    Alerte après  plusieurs autres mais cette fois nous embarquons.
    vers 14h arrivée  à Banteux, vers 19h repas. Départ à 23h
  11 mai
    Passage à  Cambrai vers 2h pendant une alerte aux avions. Arrivée à Prouvy Thiant vers 4h.  Journée calme nombreuses alertes aux avions. 
    À 17h départ  pour la Belgique ou les troupes françaises sont acclamées et ravitaillées en  tabac. Voyage toute la nuit.
  Dimanche 12 (Pentecôte)
    vers 4h du matin  arrivée à Mont-Saint-Guibert. Cantonnement à la papeterie. Départ des  reconnaissances sur les positions. 
    7h départ vers  la position avec les 2ème et 4ème sections. Martin et moi  occupons la ferme de la grange à la dime, en première position où nous  installons P.A
    19h Nous sommes  relevés par le commandant Lesaint et redescendons occuper d'autres emplacements  pour la nuit.
  13 mai 
    Nouveau  changement : j'occupe avec ma section le talus en deçà de la voie ferrée. Journée  assez calme.
  14 mai 
    Matinée assez  calme. L’après-midi bombardement intense par avion et artillerie. Notre  artillerie répond mais aucun avion ami et l'avion de reconnaissance allemand  nous survole sans cesse.
  15 mercredi
    Journée un peu  plus calme que la veille mais l'ennemi s'installe de l'autre côté de la voie  ferrée et commence à nous mitrailler. Vers 19h une mitrailleuse est repérée  dans une maison et je cours pour obtenir de surprendre la maison par un tir de  mortier ; les balles sifflent de tous côtés. Les mortiers sont déjà  repliés car l'ordre de décrocher vient d'arriver. Je rejoins ma section et le  décrochage de la compagnie s'effectue pour aller s'installer 5 km en arrière. Nous  sommes les 2ème et 4ème sections et ne sommes pas  certains de la [texte effacé sur 4 lignes]
    Nous retrouvons  le lieutenant Catteau, dans un village, nous nous installons pour dormir  quelques heures, (il est 2h du matin).
  jeudi 16
    À 4h réveil. Le  lieutenant Catteau part en reconnaissance et nous le suivons mais perdons sa  trace : personne aux emplacements prévus : nous faisons demi-tour. Rencontrons  le Général Ginaudet qui nous dit que le 1er se reforme à Glabais. Nous y allons  (une quinzaine), personne à Glabais.
    Nous rentrons  dans les maisons pour récupérer des bicyclettes, bientôt chacun a la sienne et  décidons de nous diriger vers Mons. Passage à Nivelle qui vient d'être bombardée  et que l'on retrouve pleine de soldats de toutes armes. Je pose mon vélo pour  me désaltérer, pendant ce temps, on me le vole
    Je trouve vers  14h un camion qui récupère les éléments du 1er ; j'embarque  pour arriver à 7h au nord de Nivelles à lillois- Wit. Je retrouve quelques  hommes de la compagnie. Le colonel me charge de former un PH dans une ferme :  j'ai 1 FM 8 fusils et 108 cartouches. Vers 16h le Cne de la Mhotte arrive  avec quelques officiers du RI et des hommes. Nous nous installons alors en  pleine nature pour aider le GRD à décrocher puis nous décrochons et marchons  jusqu'à 1h du matin et nous reposons à Virginal. 
  Vendredi 17
    Nous repartons  pour arriver à Naast à 13h où nous retrouvons une grande partie du bataillon. Jaladon  commande la compagnie. 2 sections sont formées avec les éléments de la  compagnie. L'après-midi les Allemands arrivent. Nous prenons position pour nous  replier 1h après et la marche continue. Arrêt vers 3h. 
  samedi 18
    Je fais  récupérer dans le village tous les outils pour l'installation. Contre-ordre on  repart vers 7h arrivée près de Lens (Belgique). Le commandant est décidé à  faire face et nous creusons. La journée se passe calme et la nuit.
  Dimanche 19 
    Vers 2h nouveau  décrochage nous marchons jusque 9h. Repas dans un bois. L'après-midi des  camions nous prennent et nous rentrons en France pour nous installer à Frenes.  Je suis dans une mn.
  lundi 20
    Le soir  j'installe un G.Mesnil pour défendre le pont de l’Escaut.
  Mardi 21 
    Vers 21h je  change d'emplacement pour m'installer entre le village et Fort Massy (un bloc).  Travail toute la nuit pour s'enterrer.
  mercredi 22 
    L'installation  continue. Emplacements d'armes sont reliés. Des abris couverts. C'est assez  calme pour nous.
  jeudi 23  vendredi 24 samedi 25
    Le travail  continue entre les bombardements (2 chaque jour) les obus tombent à quelques  mètres des abris. Par miracle aucun blessé dans la section. Le ravitaillement  est abondant car l'on vit sur les provisions laissées par les civils. Champagne  à chaque repas. Le pain est rare car L'approvisionnement  du Régiment ne peut en fournir. On récupère la  farine et le Btn fait faire du pain.
  Dimanche 26 
    La nuit le chef Gransart  occupe un av. poste : une maison à 500 m en avant. Il est relevé par 1 Gr  Sgt Lemaire. Travaux presque nuls le matin à cause des bombardements qui  n’arrêtent plus. L’après-midi je touche du barbelé pour poser la nuit. 
    A 16H ordre de  repli sur Escautpont. Je protège avec la 3ème compagnie la retraite  du Btn. Alors que l’on n’a pas vu d’ennemis en face, ils nous ont débordés et à  chaque carrefour il faut traverser la fusillade, les FM installés de distance  en distance protègent le repli. Au passage à niveau nous sommes mitraillés et  je suis légèrement éraflé à la main. Nous atteignons les blocs, occupons une  ferme ½ heure puis nous installons en haut d’un terril.
    20H45 décrochage  – traversée de la forêt de Raismes. St Amand est en feu.
  Lundi 27 
    Orchies –  Templeuve. Arrivée dans un bois l’après-midi. La roulante est là avec un repas,  quelques heures de repos puis départ vers Boschep puis Cassel. Des camions sont  partis mais n’ont pas pu prendre tout le monde. Nous partons à pied – passons à  Loos mais il y a encombrement pour traverser la Deûle. Nous allons à Haubourdin  garder un pont.
  Mardi 28
    J’ai dormi  quelques heures dans un lit ; au matin un obus arrive et une partie du  chalet s’écroule. Nous mangeons et départ vers Lille. Nous occupons l’école  Trullin, école superbe. Je suis affecté à la 3éme Compagnie (avec Lecutiez) ou  il n’y a plus d’officiers. Journée assez calme.
  Mercredi 29
    De temps en  temps des obus arrivent sur le bâtiment. Des corvées récupèrent les vivres au  bord de Lille.
  Jeudi 30
    Le bombardement  s’accentue. Les artilleurs qui sont avec nous bien qu’ayant encore des obus brulent  leurs pièces et se rendent. Il apparait que nous sommes encerclés et luttons à  armes inégales. L’après-midi un obus tue le Cdt Le Coulteux. Le lieutenant  Dancette est légèrement blessé à la tête. Le soir on entend chanter les Allemands  installés de l’autre côté du terre-plein. Ils nous parlent par haut-parleur,  nous menaçant d’une destruction totale si nous ne nous rendons pas.  Délai : lendemain 6H. 
  Vendredi 31
    Nous recevons un  parlementaire. L’ordre est de tenir, le Cdt de Btn refuse de se rendre. Trêve  d’une heure pour évacuer les civils, plusieurs centaines réfugiés dans les  caves – puis le bombardement reprend : impossible de tenir au rez-de-chaussée.
    Le 2éme Btn se  rend la situation devient intenable, les munitions s’épuisent : le Cdt de  Btn décide de se rendre vers 11H l’on cesse le feu, et nous nous rendons :  nous sommes reçus très correctement et en somme mêmes un peu étonnés et dirigés  sur la faculté de médecine en construction.
    Triage des  officiers et je quitte mes hommes, en pleurant, comme presque tous les  officiers. Je suis fouillé, on prend même les couteaux mais le Colonel obtient  que les officiers conservent leurs bagages exceptés jumelles, boussole, armes.  On rend les couteaux. Réunion des officiers (une trentaine) par le Colonel. Il  n’y a plus de 1er RI et c’est les larmes aux yeux que nous écoutons  notre chef. Embarquement en camions pour faire un tour dans Lille et nous  filmer – puis dirigés vers l’Exposition. Le pavillon des Auberges de la Jeunesse  nous est affecté, nous mangeons et passons là la nuit.
  1er Juin
    Réveil départ 15  Km à pied puis camion, arrivée à Tournai. Coucher dans la prison. 
  2 Juin
    Départ en camion  jusque Ath ou nous touchons 1 pain pour trois, la première fois que nous avons  de la nourriture. Puis 20 Km à pied à Enghien où nous occupons le collège St  Augustin. Le soir distribution de pain – 2 pour 5.
  3 Juin
    Nous continuons  notre installation – midi soupe aux pois et le soir un bout de saucisson. Ce  sera le régime habituel. 
  4 – 5 – 6  Juin
    Rien  d’important. La nourriture insuffisante est complétée par le peu que nous  pouvons faire acheter en ville. Deux fois par jour nous descendons dans la cour  pour être comptés.
  7 Juin
    L’on demande les  agriculteurs pour, parait-il, nous renvoyer cultiver nos propriétés. Est-ce  vrai ? Je tente l’aventure. Nous sommes assez bien ravitaillés par  l’extérieur et un bon repas au camp – soupe – saucisson.
  8 Juin
    RAS  impossibilité de sortir en ville – un repas. On annonce pour le lendemain Dimanche  le départ de tous excepté pour les agriculteurs.
  Dimanche 9
    4H ½ départ à pied  des camarades. Quand les re-verrais-je ! Nous nous groupons 8 agriculteurs  ou considérés tels. La journée est assez calme. Le soir on annonce notre départ  pour le lendemain matin.
  Lundi 10
    Un mois que nous  avons quitté Quernes.
    Nous quittons  Enghien en autocars 51 officiers au total. Le feldwebel, chef de convoi, permet  un arrêt et buvons une bouteille de bière dans un café. Arrivée à Nivelles,  cantonnement dans la prison. Soupe
  Mardi 11
    Jus et pain le  matin. Départ vers midi pour la gare. Soupe sur le quai. Embarquement, nous  sommes 27 dans un wagon à bestiaux. Le convoi part vers 2H1/2. Arrêts fréquents.  Nous passons à Court St Etienne, à quelques Km de nos premières positions.  Garage à Gembloux pour la nuit. Nous nous enchevêtrons tête aux pieds pour  dormir, mal.
  Mercredi 12
    Nous repartons  vers la Hollande. Passage à Eindhoven. Les civils apportent un peu de  nourriture, fromage surtout, qui est partagé car nous n’avons rien touché  depuis 24H. 18H La Croix Rouge distribue du pain et du café. Nous continuons  acclamés par les Hollandais jusque Venlo gare frontière et à 20H30 nous passons  la frontière allemande. Nouvelle nuit dans notre wagon.
  Jeudi 13
    Au réveil nous  avons fait un bon trajet et passons bientôt à Munster.  Arrivée en gare de Meppen vers 11H et prenons  la direction du camp de Versen. Nous retrouvons d’autres officiers entassés  dans un baraquement. Vers 19H soupe qui a un affreux goût de pelure car les  pomme de terre ne sont pas pelées. La nuit on s’étend pour dormir sur le  plancher.
  Vendredi 14
    Le matin jus  avec une tranche de pain. Midi soupe comme la veille. Soir 1/9 de pain avec une  infusion. 
  Samedi 15
    Une partie des  officiers du baraquement partent : nous restons une cinquantaine. Le temps  est brumeux et froid. On nous annonce que nous partirons le lendemain pour un  camp en Saxe.
  Dimanche 16
    Le départ est remis.  Messe en plein air. Le régime ne s’améliore pas mais c’est d’appétit que nous  mangeons la soupe.
  Lundi 17
    Départ vers 7H  pour la gare. Le temps est plus beau. Embarquement à Meppen :  surprise : en 2ème classe, 5 par compartiment. Départ vers 12H,  arrivée vers 15H à Dortmund. Jolie ville. De la gare nous prenons le  tram pour le camp, près du cirque. Logement dans les tentes : heureusement  il fait beau. Même régime qu’à Versen mais la soupe est meilleure.
  Mardi 18
    A 13H nous  touchons des vivres pour 2 jours. 2/3 de pain et un morceau d’andouille. Vers  15H embarquement : wagons de voyageurs 3ème classe, 7 par  compartiment. Nous sommes dirigés vers le Sud, passons à Leipzig : il y a  contre ordre. Nous changeons de direction et 48H plus tard arrivons au camp de Westfalenhof (Westphalenhof) près de Stettin. 
  Jeudi 20
    Nous nous installons  dans des baraquements 48 dans chacune des 4 chambrées : lits à 3 étages. Ce  n’est pas le grand confort. Le temps est beau.