| LUMIERE DES SOUVENIRS
      
       En souvenir d'un grand père et d'un père 
        (C.J.) Au moment d'écrire ce compte-rendu 
        il m'apparaît difficile de trouver   un point de départ à ce voyage. Les idées affluent, les souvenirs remontent à la   surface mais me semblent brumeux. Je cherche au fond de ma mémoire les images 
        de   mon premier voyage en Pologne, alors âgée 
        de 11 ans. Papa avait émis la volonté   de nous emmener là où notre grand-père avait été prisonnier mais aussi en   profiter pour nous conduire à Auschwitz, au Stuthof, à Ravensbrück. Un voyage   dans le temps en quelque sorte qui nous ramenait 60 ans en arrière.  
      Aujourd'hui,   lorsque je cherche à m'y replonger ce ne sont que des images éclairs qui me   passent par la tête : 
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    une rue, un lac, un ciel sombre lors de la visite du camp   de la mort et un sentiment de panique au Stuthof. 
      La vérité historique est   brutale. A travers mes yeux d’enfant je ne sais pas si j’ai réussi à tout   comprendre, j’étais uniquement dans le ressenti. Puis, les années se sont   passées et j’ai grandi en voyant les recherches 
      de papa devenir de plus en plus   fructueuses, la naissance du site Internet, les relations avec les polonais   devenir plus fortes. Je continuais quand à moi mon petit bonhomme de chemin,   passant des examens... 
      la suite logique des choses en somme. Ce n’est que cette   année, à l’âge de 19 ans, que je décide de refaire ce bond dans le passé, ce   voyage sur les traces du souvenir afin de redonner un sens aux rares images qui   me restent présentes à l’esprit. C’est aussi le moment de voir de manière   concrète l’aboutissement des recherches de papa. Les billets sont donc réservés   pour un nouveau voyage. 
      (L.P.) Magdalena (KRUK, qui travaille au musée des prisonniers de LEBOWICE   - OPOLE dans le sud ouest 
        de 
        la Pologne, qui est venu nous rencontrer au cours   de ce week-end car elle doit écrire un article sur l’Oflag IID-IIB), découvre   sur la toile l’homélie écrite pour mon père lors de son enterrement où il est   question de son passé d’officier prisonnier à Gross-Born. Elle m’écrit, à la   recherche de documents du passé, pour un article sur cette époque. Concours de   circonstance, hasard de la vie, signe des dieux, nul ne saurait dire... Voilà   quelques années, je m’étais intéressé au passé du prisonnier (gefangener nummer   668) : mon père. J’avais lu les écrits de Georges Hyvernaud (la peau et les os,   carnet d’oflag, le wagon à vaches) et le commandant WATRIN d’Armand Lanoux. 
        La   noirceur des écrits m’avait alors rebuté, j’avais volontairement effacé cette   période de l’histoire de ma mémoire. Ce courriel a réveillé ma curiosité.   Internet est disponible, une simple recherche me conduit sur un site que je   dévore des yeux. Tout y est, tout ce que me racontait papa est écrit dans le   moindre détail. Une rubrique des officiers 
        est accessible. A la lettre P, son   nom est inscrit mais le prénom enregistré est son deuxième prénom. 
        Il est   possible d’écrire, c’est déjà fait. La réponse est immédiate : Etienne JACHEET   me répond et avec une grande ouverture d’esprit, accepte de correspondre avec   moi par téléphone. Son numéro commence par quatre chiffres identiques au mien.   Je n’y tiens plus j’appelle. Etienne est un voisin, plus un client. Le contact   est établi, il organise 
    un voyage du souvenir sur les lieux de captivité de papa   dans un mois. Vingt quatre heures de réflexion suffisent. Nous sommes déjà dans   l’avion, ma femme et moi. Lumière des souvenirs. 
      Berlin 
        (L.P.) Nous arrivons à Berlin Schönefeld par un grand soleil, une escadrille   d’avions anciens évoluent en piqué 
au dessus de nos têtes, difficile de ne pas   penser aux Stukas de la Luftwaffe et à Guernica. 
Etienne nous conduit déjà vers   le centre de Berlin. Arrêt devant le Reichtag, j’imagine l’incendie du 27   février 1933 
et les conséquences qui en découlèrent. Porte de Brandebourg,   symbole de la libération de Berlin par les Russes, 
la tour de télévision. Les   images du film de Florian HENCKEL et d’Ulrich MÜHE me hantent. 
Un allemand joue au soldat russe pour récolter quelques euros. Le souvenir de la chute du mur est   ravivé 
dans ma mémoire. Il est là devant mes yeux, matérialisé par une bande de   pavé double qui traverse la rue. 
Les images de mon livre d’histoire défilent   dans ma tête. 
      Grünberg 
        (C.J.) Cette bergerie je l’avais déjà vue et pourtant elle ne se rappelle pas   à moi. Elle reste présente dans 
        l
        e souvenir de maman qui tente de raviver ma   mémoire mais l’écran reste noir et les souvenirs se terrent. 
        C’est donc avec un   regard neuf que je vois ce lieu qui m’apparaît paisible, invitant à la rêverie. 
        L’activité agricole suit son cours et un homme passant non loin de nous nous   regarde curieusement ou peut-être avec méfiance, se demandant sans doute ce   qu’une ferme peut avoir d’attrayant pour des "touristes". 
        Sans connaître   l’histoire de cet endroit j’aurai certainement encore plus de mal à imaginer   cette soirée 
        du 5 février 1945 qui vit passer ces prisonniers. Ce qu’écrit mon   grand-père à ce propos est bref et la concision des phrases laisse deviner   l’épuisement : "22 km. Repris autostrade...vers PRENTZLAU. Arrivée à la bergerie   (GRüNBERG). Bonne soupe. Touché du rab par un "posten". Couché dans le foin.   Goulache." 
      (L.P.) La traversée de l’ex RDA, nous conduit à Grünberg petit village   impersonnel de l’Allemagne sauf que... 
        pour moi c’est le symbole du calvaire   des prisonniers condamnés à une marche forcée qui conduira papa à cinq cents   trente kilomètres du IIB, camp d’Arnswalde. Une phrase me résonne aux oreilles,   celle d’Henri Guillaumet 
        au sortir de son calvaire des Andes (Vol de nuit, St   Exupery) : "ce que j’ai fait, aucune bête ne l’aurait fait". 
        La cour de ferme   est envahie par du matériel agricole, le tas de fumier pour les latrines a   disparu, la pluie et la boue sont absentes, mais ça sent le "feldwebel". Les   bâtiments sont grands, mais étriqués pour une colonne d’un millier d’hommes.   Comment ne pas se souvenir des propos de mon père, qui s’échappait la nuit au   risque de sa vie, 
        pour aller chercher un bout de lard auprès d’une "lehrerin"   qu’il remerciait encore hier... 
        En repartant, nous retrouvons les tas de bois   des paysans, traces persistantes du passé, symbole de culture 
      et de tradition   traversant les siècles : "j’admirais leur manière d’entasser les morceaux en   rayons, comme du blé, pour former des sortes de meules rondes protégées par un   cône surbaissé". (Louis Francis, Jusqu’à Bergen) 
       
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    | 1er juin 2008 Oflag IID de Gross-Born, un second cimetière Russe à 1 km de l'Oflag 
       
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    31 mai 2008 : Les tombent Russes qui se trouvent devant la limite de l'Oflag IID | 
    31 mai 2008 : Vestiges des barblelés devant la croix érigée en 2004 de la chapelle du block IV | 
  
  
    Gross-Born 
      (C.J.) Je regarde les photos de notre premier voyage dont certaines ont été   prises à Gross-Born. 
      La nature est telle que celle que j’ai retrouvée, les   herbes hautes ont envahi ce qui constituait autrefois le camp et des arbres   bordent le chemin. En retournant sur les lieux je vois les avancées des   démarches de papa 
      et les fruits de la collaboration entre français et polonais.   Les lieux sont à la fois tels que je les ais quittés et aussi différents. Je   retrouve ainsi le monument installé par les polonais, que nous découvrions lors   de ce voyage 
      en famille mais découvre également la plaque commémorative. Notre   petit groupe s’enfonce dans la forêt, 
      nous restons attentifs aux explications de   papa. Autour de nous la nature a repris ses droits et, 
      comme une revanche sur le   passé, tente d’effacer ce qui, hier encore, niait toute forme de liberté. 
      Il   m’est difficile d’imaginer des baraques à la place de tout ces arbres, imaginer   la vie ou plutôt la survie 
      des prisonniers... Passé et présent se mêlent et se   retrouvent en ces lieux. 
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    | 31 mai 2008 : Oflag IID de Gross-Born, 
      explication devant le monument érigé en 1998 
      par nos amis Polonais de l'AK 
       
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    1er juin 2008 Oflag IID de Gross-Born, 
      monument à la mémoire du Lieutenant 
      André RABIN et des officiers décédés 
      lors de leur captivité. 
       
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    1er juin 2008 Oflag IID de Gross-Born, 
dépot d'une gerbe devant le monument | 
  
  
    (L.P.) Tout petit, avec les yeux naïfs de l’enfance, Gross-Born m’évoquait   inévitablement les milles bornes du jeu 
      du même nom. Gross-Born, mon père m’a   toujours situé ce camp entre Schneidemühl, et Stettin. 
      Ces noms me semblaient   venus d’une autre planète, d’une autre époque. Mais les milles bornes existent   bel et bien 
      et même plus entre son Auvergne natale et ce lieu sinistre   d’internement. L’isolement était total. En réalité, je pense maintenant que papa   était incapable de le situer de manière précise car il n’en a connu que la même   porte d’entrée 
      et de sortie à vingt trois mois d’intervalle. Gross-Born c’était   pour moi la résonance de noms tels que : la fouine, pipperminth, gédéon, tous   gradés de l’Abwehr. Papa s’amusait à me raconter leur crédulité mais aussi leur   cruauté. Le premier contact avec le camp est difficile...soleil bleu, lupins au   bord des chemins. La présence de quelques pavés et les explications d’Etienne   permettent à mon imaginaire de reprendre le dessus, la nature a tellement   recouvré 
      ses droits, la forêt est omniprésente. Il faut pénétrer plus avant et   fouiller le sol pour retrouver la présence du camp, les traces des baraques, les   restes de lavabo. Le tour complet du camp nous permet de comprendre la   topographie des lieux, la nature du sol et du sous sol, et par là même le   pourquoi des évasions possibles par le biais des tunnels. La présence de   quelques croix, à proximité des limites du camp m’expliquent les dires de papa   sur ces rondelles 
      de saucisson lancée par dessus les limites du camp aux russes   tirant les charrettes de leurs morts avant de tomber eux mêmes d’épuisement et   de finir de la même façon que leur compatriotes. C’est par les écrits de l’abbé   FLAMENT et son plan contenu dans sa thèse que je peux imaginer l’Oflag IID le   block III, la baraque 16. 
      Soixante six années sont passées, dame nature a   presque tout effacé. Enfermé comme du bétail, mon père s’est toujours senti "moins cloîtré" dans ce premier camp sans doute du fait de la nature toute   proche, 
    et de par les activités intellectuelles qu’il a pu avoir : "le savoir   rend libre". 
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    | 2 juin 2008 : Oflag IIB de Arnswalde,  
      Dépot de gerbe par Cyrielle JACHEET 
    devant le monument à l'entrée de l'Oflag  | 
    2 juin 2008 : Oflag IIB de Arnswalde,  
      Le groupe des 7 français membres 
      de 4 familles de prisonniers au cour 
      de la minute de silence 
       
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    2 juin 2008 : Oflag IIB de Arnswalde,  
      Le monument et la garde d'honneur
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    Arnswalde 
      (C.J.) "Au moment où le récit commence (29 janvier 1945) je suis prisonnier à   Arnswalde, en Poméranie, 
      à 80 km au sud de Stettin. Nous avons été transférés là   en mai 1942. C’est une caserne allemande en pierre, entourée bien sûr de   barbelés et de miradors. Le climat est dur, les radiateurs fonctionnent peu" 
      (carnet de Maurice Guillon). Détenus pendant trois ans à Arnswalde cette caserne   a été synonyme de privation et de réclusion. Malgré les photos sur lesquelles   nous les voyons sourire, j’imagine le temps s’écoulant lentement, emportant leur   jeunesse et ne laissant entrevoir aucune chance de libération au delà de ces   blocs 
      de béton. Au moment d’écrire, quelques vers de L’Ennemi se rappellent à   moi comme un écho à ce que m’évoque ces lieux : "O douleur ! O douleur ! Le   temps mange la vie, Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur du sang que nous   perdons croit et se fortifie". Je laisse aller mon imagination qui me porte   jusqu’au matin du 25 août : rassemblement, le silence règne dans la cour,   l’incompréhension des allemands est totale, un officier s’avance vers eux :   "Paris a été libéré". Arnswalde ne sera "bientôt" plus une prison mais le point   de départ d’une longue marche au bout de laquelle la liberté enfin   retrouvée. 
(L.P.) "Auf nie wiedersehen, Arnswalde ! ville de la misère du pauvre   monde. Ville des pieds gelés et des ventres creux. A ne jamais revoir ce maudit   chemin de ronde où le pauvre soldat passe ses nuits transi et grelottant pendant   qu’il y a tant de forêts dans la plaine pour donner du bois à son foyer. A ne   jamais revoir tes maigres pitances, 
  et toutes ces corvées idiotes qui ne servent   à rien qu’à tenir les gens loin du vrai travail pour lequel ils sont sur   terre ! "(Jusqu’à Bergen, Louis Francis) Papa ne voulait pas y retourner....je   le comprends. Rien a changé. 
  Les blocks sont les mêmes : quatre avec la   turnhalle au fond de cette cour carrée où nous avons du mal a imaginer trois   milles détenus frappant le sol de leur sabots, appelés trois fois par jour :   POISSON Paul Gefangener nummer 668 Block 1 Stube 213.....trois fois par jour   dans les tourbillons de neige, par moins 15°, sous la pluie, l’humidité 
  des   brouillards, le froid, la canicule des climats continentaux... pour rien, pour   trois divinités qui s’appelleraient Force, Contrainte, et Consigne (Jusqu’à   Bergen, Louis Francis). Dans les deux dernières on retrouve le même préfixe,   c..., preuve de la bêtise humaine. Rien a changé, le choc émotionnel est   intense... "konstruçion" allemande, 
  faite pour durer... Les cages d’escalier, le   carrelage des marches, le sol des couloirs, le parquet des chambrées, 
  les   lavabos en béton, les lampes du gymnase, je vois mon père dans ces murs et   devine sa volonté d’en sortir. 
  Lutter pour reconquérir cette aspiration la plus   profonde de la nature humaine qu’est la liberté, ne pas perdre ce désir   d’échapper à toute contrainte, sinon à toute obligation. A l’extérieur, il ne   manque que les miradors et le fil de garde mortel qu’il ne fallait pas   dépasser : sauf le jour où le potiron de papa a eu la sotte idée de croître de   l’autre 
  côté 
  de cette frontière. Ce qui a donné lieu à une autorisation expresse   de transgression de cette donne, 
  organisée avec un cérémonial railleur et   ironique envers "les doryphores". 
Présent 
Borne Sulinowo 
  (L.P.) Je m’attendais à trouver un pays austère, froid et humide avec des   habitants descendus des Prussiens. 
    Borne Sulinowo est une petite ville   tranquille, baignée de soleil au bord d’un lac. Difficile de croire et   d’imaginer 
    ce que cela a pu être pendant les années 35-45. La population est   entièrement Polonaise et la découverte de la vie 
    de là-bas a été forte en   chaleur humaine et relationnelle. Le dimanche matin était calme, Étienne nous   propose d’aller à la messe dominicale. Je me suis retrouvé dans une grande "ex   salle" de propagande soviet réaménagée en lieu 
    de culte. Église pleine, avec   toute la ville sur place, endimanchée, et le culte en lui même rempli d’une rare   ferveur perdue en France. Une seule voix pour les chants religieux, une   vingtaine d’enfants de cœur en chasuble, 
    une communion à genoux, hostie   distribuée à l’ancienne directement dans la bouche et non au creux des mains.   J’étais revenu quarante ans en arrière, époque de ma jeunesse, où l’office était   célébré de la sorte dans nos églises françaises. Découverte de l’accueil des   Polonais, admiration pour le couple Skowronek qui ont travaillé dur pour   restituer les souvenirs des prisonniers polonais de l’oflag IID. Ce même   après-midi, ces derniers nous emmèneront 
    a la découverte d’un charnier de   soldats russes et autres exterminés par les nazis, où ils ont mis a nu 11000   morts 
    et organisé pour eux une sépulture digne de ce nom. Einstein avait mille   fois raison quand il disait :      "Celui qui est capable de marcher derrière une   musique militaire n’a pas besoin de cerveau : une moelle épinière lui suffit". 
    Nous sommes en face de la cruauté même de l’homme décérébré... avec tout ce qui   en découle... 
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    | 2 juin 2008 : Oflag IIB de Arnswalde,  
      Au cours du repas offert par les autorités militaires 
      de la caserne de CHOSZCZNO, ex Oflag IID 
      de gauche à droite : notre fidèle ami et interprète, 
      le Docteur Boleslaw PAWLOWSKI, 
      le Colonel Zbinieg ZULKOWSKI et Etienne JACHEET      | 
      
  
    Choszczno 
        (C.J.) Sans doute la journée la plus émouvante du voyage à mes yeux.   L’accueil est chaleureux, 
        le colonel attentionné et prévenant à notre égard,   veillant à ce qu’on ne manque de rien. 
        Une messe est organisée dans la chapelle   de la caserne et des photos des prisonniers y assistant entre 1942 
        et 1945 sont   exposées. L’émotion est palpable. Papa lit les intentions de prières adressées   aux prisonniers, 
        aux soldats, aux familles et Adam les traduit. C’est un message   universel qui passe au travers de ces prières. 
        Un message d’espoir. 
      (L.P.) Il faut prononcer #auchenau#. La ville d’Arnswalde n’existe plus.   L’Oflag IIB est aujourd’hui une caserne militaire polonaise. Mais personne   n’oublie. Les polonais font un énorme travail de mémoire et de souvenir. 
        Nous   sommes reçus dans la caserne avec les honneurs militaires. Messe du souvenir et   d’espoir célébrée 
        par le prêtre de la garnison, en présence des jeunes recrues,   dépôt de gerbe par Cyrielle au monument érigé 
        en souvenir des prisonniers de   l’ancien camp, visite du musée militaire dans la caserne et repas en présence 
        du   colonel de garnison, l’effort de mémoire est constant et l’amitié franco   polonaise bien présente. 
      LES TRACES DU SOUVENIR 
        (L.P.) Comment ne pas finir en évoquant le travail remarquable effectué   par l’association Mémoire et avenir 
          et par l’amicale de l’oflag IID-IIB.   Honorer, faire revivre et transmettre la mémoire de la captivité des officiers   français dans les OFLAG : un homme remarquable nous a conduits dans notre   démarche vers le souvenir : 
          Étienne JACHEET. Comment ne pas le citer, féru   d’histoire, capable de transmettre sa passion, pédagogue, organisateur sans   faille, courageux et tenace dans ses recherches, Etienne nous te devons beaucoup 
          dans notre effort partagé du souvenir. Tu te donnes sans faille à l’association,   je te souhaite de perdurer et que l’aventure continue avec Magdalena, avec le   musée du souvenir d’Opole, avec un site traduit en plusieurs langues... ce ne   sera jamais fini... Pour moi la poursuite de ce voyage passera par Soest,   Bergen, lieux de libération définitif 
          des officiers prisonniers du IID-IIB et   qui sait retrouver nos amis polonais l’hiver sous la neige... 
      (C.J.) Je vois au quotidien les avancées des recherches de papa et ce voyage   a été l’occasion pour moi de voir les fruits de ce travail qui s’enrichit   d’année en année. 9 ans après le premier voyage je constate les changements :   découvrant les monuments et voyant à quel point les relations franco-polonaises   s’en trouvent renforcées. 
        Tout ce qui a été crée et tout ce qui se construit   encore sont comme des ponts entre le passé, 
        le présent et l’avenir qui font   revivre, grâce à tous les moyens mis en œuvre, la mémoire de ces prisonniers. 
        Luc a milles fois raison : ce ne sera jamais fini. 
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    | 31 mai 2008 : Le nid de cigogne 
    devant la gare de ZIPPNOW 
    où le Lieutenant Paul de LARDEMELLE 
    et d'autres évadés par un tunnel en 1941, 
    avaient pris le train pour se sauver 
    vers la France. | 
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    Conclusion 
      (C.J.) "Il me faut parler, coûte que coûte, avant qu’il ne soit trop tard.   Non pas seulement, parce que chaque génération humaine a le droit et le devoir   de lancer au passage son message propre, 
      mais parce que si elle ne le fait pas,   une déchirure s’ouvre dans le tissu de l’humanité, et c’est vous, 
      vous la   génération d’après qui en souffrez". (Roger IKOR, Pour une fois écoute mon   enfant). 
      En 1999 j’ai été cet enfant qui a vu et qui a ressenti. Lors de ce second   voyage j’ai été cet enfant qui a écouté 
        et compris. Tout ? Non certainement pas   tout. Une génération comme la mienne, habituée dans son quotidien 
        à ne manquer   de rien, à vivre dans le confort, ne peut mesurer pleinement ce que la   génération 
        de nos grands-pères a connu. Mais, au travers de ces voyages, et même   si certaines choses nous échappent, 
        nous les faisons revivre, chacun à notre   manière, avec nos propres mots et notre propre ressenti. 
        Aujourd’hui c’est à   nous, aux générations suivantes, d’être tributaires de ce travail de   mémoire. 
      (L.P.) "On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour   les yeux". (Le petit prince, Saint-Exupéry). 
        Mon voyage me fait penser à un arc   en ciel qui part du blanc vers le noir en passant par un panel de couleurs. 
        Le   blanc évoque la pureté dans notre religion chrétienne et le deuil pour les   chinois (mais pour rejoindre la pureté 
        de l’au delà, donc l’idée est la même).   Le blanc c’est aussi la neige de Gross-Born ou du départ des prisonniers   d’Arnswalde : difficile de l’imaginer avec le temps que l’on a eu qui évoque le   jaune et l’orange du soleil continental 
        et le bleu du ciel que l’on retrouve   dans l’eau de tous ces lacs Poméraniens. Jaune, également de la gerbe posée aux   pieds du monument de l’oflag IID..... Ce n’est pas un hasard... Le vert est   omniprésent dans la forêt de Gross-born, c’est aussi le reflet de l’espérance de   temps meilleurs tant attendu par les officiers captifs. Rouge a été notre voyage   car comment ne pas penser à toutes ces horreurs, à tout ce sang versé pendant   cette guerre, mais aussi ce rouge 
        du drapeau nazi qui a rendu l’homme fou. Le   gris est à réserver aux captifs, à la privation de liberté physique 
        des   officiers Français et Polonais des oflags IID-IIB, à la boue du dégel lors de   leur longue marche avec la famine 
        au ventre. Noire est la guerre, le massacre de   Kattyn, les camps de concentration évoqué par Louis Francis 
        avec sa découverte   du camp de Bergen-Belsen. Revenir à une association de couleur c’est unir le   blanc et le rouge pour penser aux Polonais et à la façon de nous recevoir, à   leur gentillesse, à l’occupation bipartite des deux camps, 
        à l’amitié   franco-polonaise. 
      Par sa conscience et sa volonté, l’homme naît pour la liberté : elle est son   destin ou son projet. 
      Cyrielle JACHEET (C.J.) 
        Luc POISSON (L.P.) 
      Avec tous nos remerciements à Boleslaw Zbigniew PAWLOWSKI, Irena et Thomaz   SKOWRONEK, 
    Adam SUCHOWIECKI, Magdalena KRUK  |